Retour |
Ma Démarche : Images fragiles : (2013) L’ensemble de mon travail questionne l’image et le rapport intime qui nous lie à elle. Notre représentation du corps qui se dématérialise, se diffuse sur ce support plan. Un support instable, sans cesse en mutation, il fige pourtant notre vie. Je me suis d’abord arrêté sur la facture des images, sur leur qualité interne. Comment elles retranscrivent la réalité ? en la simplifiant, la radicalisant, la réorganisant. Partant de l’argentique au format numérique Tiff, Jpeg, Gif, j’ai lié ces méthodes “mécaniques” à celle de la peinture. J’ai transposé et combiné ces techniques avec leurs défauts et qualités pour composer des peintures où le corps devient à son tour le support de l’Image. Notre quête de production d’images nous représentant est rassurante. Elle flatte notre ego et nous certifie que nous existons vraiment. C’est l’image preuve, j’ai fait ça, j’étais là. Mais elle cache maladroitement la réalité. Elle donne l’illusion de figer le temps mais le temps passe.. et l’image s’efface. Mon travail actuel met à plat cette relation corps, image, temps. La fragilité de l’image me renvoie à notre propre condition, la disparition, l’effacement, la perdition, l’oublie. Je cherche à créer une tension entre le support et son sujet, entre l’image et nous. L’image est plus qu’un filtre. Nous l’avons faite à notre “image” avec l’espoir qu’elle serai immortelle et nous à travers elle. Elle est comme un miroir déformant baigné d’illusions mais elle reflète au delà de notre image physique nos peurs et nos espérances. La peinture est à mon sens, le médium le plus humain pour supporter l’image. L’œil, l’esprit et la main donne corps à l’image. Cette image qui nous avait débarrassé de la matérialité de notre corps, se fige dans cette chaire de peinture.
Mes peintures : (2005)
Comme vous avez pu le constater, mes peintures sont proches de la photographie. C’est en effet la base de ma réflexion, mon travail de peinture commence par la photo. Car ce qui me fascine se sont les images et notre perception de la réalité la plus proche à travers elle. Je photographie régulièrement tous ceux et tout ce qui m’entourent. D’abord parlons du sujet représenté directement visible car mon sujet est en réalité double. Le premier est donc mon entourage direct, mon frère, mes cousins, mes amis, mon poisson rouge. Ce qui est considéré comme banal pour certains est merveilleux pour moi et se trouve être une source inépuisable d’inspiration. Qui ne souris pas devant le visage surpris d’un proche photographié à la sauvette ? La photo permet une chose essentielle que la peinture rend impossible, c’est de capturer l’imprévu, le soudain, l’action présente et aussitôt passée. Elle permet surtout de vivre l’action avec les autres alors que la peinture nous en isole. C’est deux médiums opposés dans leur pratique qui crée des images différentes, et qui sont pour moi complémentaires. La photo me permet de vivre avec les autres, de les voir vraiment, de capturer ces images volatiles, et grâce à la peinture je m’y arrête, je m’y attarde, je les digère, et par mon esprit et ma main les matérialise. Je leur donne le temps et le corps qu’elles méritent. Le second sujet de mes peintures est plus difficile à voir au premier coup d’œil, il découle du processus de travail que j’ai mis en place et décris précédemment. En effet, quand je peins mon frère, ce n’est pas lui que je peins mais sa photo. Et cela a une grande importance pour moi car évidemment une photo est très différente de la réalité, elle la déforme et y ajoute des caractéristiques. Par exemple un grand angle ou une prise trop près du sujet va déformer son visage, accentuer la partie la plus proche de l’objectif. Le flou est spécifique à la photo, les reflets, les éclats de lumières capturés par l’appareil le sont tout aussi. Bref la facture de la photo, sa matière, ses défauts et qualités visuels sont pour moi aussi important que la personne représentée. J’aime les images, je me sens proche d’un collectionneur. Et la caractéristique de toutes les images me fascinent. Pour certaines peintures j’ai scanné mes photos et en ai réduit la qualité en les numérisant dans des formats jpeg ou gif. Ce sont des nouveaux filtres qui viennent s’ajouter entre la réalité et nous. Et la façon dont l’ordinateur reconstitue celle-ci est pour moi un vrai plaisir visuel. Un jeu de construction intelligent qui crée l’illusion à merveille et dont la structure reste pourtant visible. Il y aussi une série de petites peintures sur mon grand père réalisé à partir de vieilles photos argentiques qui avec l’âge on virées dans les tons verts et bronzes. Brefs toutes ces factures de l’image liées à leur créations sont aussi important pour moi que le sujet ou motif représenté, et bien sur viens s’y ajouter ma propre facture grâce à la peinture. Je vous laisse deviner de qu’elle format provienne chacune de mes peintures et le sens de cette distance qu’il y a aujourd’hui entre le monde réel et le monde vu.
|